Communiqué
Stress, maladies : le grand méchant loup n'a pas la vie facile, mais il sait se consoler !
14 septembre 2012
Gare à vous ! Le grand méchant loup est de retour. Une meute vient d’être observée dans les Grisons, et le canidé sauvage va sans doute à terme retrouver une place dans l’Arc jurassien. Mais faut-il encore avoir peur du loup ? Non, répond Barbara Molnar, doctorante à l’Institut de biologie de l’Université de Neuchâtel qui soutient vendredi 14 septembre sa thèse de doctorat, consacrée au comportement social des loups et aux menaces qui pèsent sur lui. Son étude est la première à démontrer des interactions de réconciliation et de consolation chez le loup évoluant en liberté.
Saisissantes images
La vie des meutes rappelle la structure sociale des hommes - vie en couple, éducation des petits, qui une fois devenus ados aident à l’éducation des plus jeunes, et enfin quittent la meute -, jusque dans la gestion des conflits. Des comportements de réconciliation et même de consolation figurent ainsi parmi les saisissantes images que la doctorante a ramenées de ses séjours principalement dans le Parc de Yellowstone (USA), où Candice Baan l’a rejointe pour son travail de master, mais aussi dans les Abruzzes (I) et le Mercantour (F).
L’étudiante de l’Université de Neuchâtel a travaillé par des températures de - 45°C. Elle a vécu des moments magiques comme ce lever du jour, où une meute toute proche lui a offert, au cours de la cérémonie de salutations du réveil, un concerto de hurlements. Et elle sourit encore en repensant à ces louveteaux jouant à sauter à pattes jointes sur la glace recouvrant la rivière pour la briser.
Le travail de Barbara Molnar porte aussi sur le stress soutenu que subissent des loups à l’état sauvage. Une pression qui s’ajoute à d’autres menaces : des pathogènes, dont de nouvelles variantes ne sont présentes en Europe que depuis quelques années, peuvent dévaster une meute, puisque la proximité sociale de ces animaux facilite une contagion rapide. Ces facteurs affaiblissants ralentissent ainsi l’expansion des populations, qui prolifèrent toutefois dans différentes régions (Italie, France et dans certaines régions des Etats-Unis).
Le temps est venu de parler du grand… gentil loup !
Les recherches de Barbara Molnar complètent le portrait actuel du loup, dont d’autres études ont établi que sa présence est bénéfique même pour ses proies potentielles comme le cerf, le chevreuil ou le chamois. Le prédateur disperse les troupeaux, réduisant ainsi la propagation de la galle, ou contribue par la prédation des individus malades à ralentir la transmission de la kératoconjonctive qui condamne les chamois contaminés en les rendant aveugles. Des recherches ont aussi démontré qu’autour des tanières, le milieu est revitalisé, certains végétaux s’y développant à nouveau sans la pression des ongulés.
Selon la chercheuse, il ne faut donc clairement pas redouter le loup. En tous cas pas plus que le renard, qui comme lui, peut véhiculer l’échinococcose. Pour cette passionnée, le temps est venu de parler du… grand gentil loup! Et de lui préparer une place dans le nouveau paysage de l’Arc jurassien.
Contact :
Barbara Molnar
Institut de Biologie
Tél. : 079 598 03 91
Photo © Barbara Molnar
"Comportement social, stress, parasites et virus chez les loups des parcs nationaux
du Yellowstone (USA), des Abruzzes (I) et du Mercantour (F)"
Vendredi 14 septembre 2012 à 18h00
Auditoire Louis Guillaume
Faculté des sciences, UNIMAIL
2000 Neuchâtel
La soutenance de thèse est ouverte au public
Photos et vidéos disponibles sur demande