Communiqué

prix UniNExt pour un mémoire sur la peine de mort

Neuchâtel, le 17 mars 2009.  Passionnée depuis des années par la thématique de la peine de mort, la juriste Ludivine Ferreira a reçu le Prix UniNExt (décerné par l'Association des anciens étudiants de la Faculté de droit) pour l'excellence de son mémoire consacré à ce sujet. La jeune chercheuse y compare le système pénal des Etats-Unis, encore majoritairement partisans de la peine capitale, avec celui de la Suisse, pays abolitionniste, comme le reste de l'Europe.

A la mi-février 2009, douze condamnés à mort avaient déjà été exécutés aux Etats-Unis, dont sept dans le Texas. Depuis 1976, date à laquelle la Cour suprême des Etats-Unis a réhabilité la peine de mort, le nombre de personnes éliminées par cet Etat se monte ainsi à près de cinq-cents. Malgré un recours de plus en plus systématique à l'injection létale, il est toujours possible, aux Etats-Unis, de mourir sous les balles d'un peloton d'exécution, attaché sur une chaise électrique ou dans une chambre à gaz. Ce triste choix est bel et bien proposé encore à présent par plusieurs Etats à leurs condamnés.

Ce dernier point a surpris Ludivine Ferreira. Cette juriste de l'Université de Neuchâtel se laisse pourtant difficilement coller sur le thème de la peine de mort. Abolitionniste convaincue, elle se passionnait déjà pour ce sujet avant d'entreprendre ses études en droit pénal. Aussi, son mémoire s'est tout naturellement orienté vers cette thématique. La jeune chercheuse y compare la peine de mort dans l'arsenal punitif américain avec le système suisse. Elle s'interroge sur la nécessité, pour un Etat, de recourir à la peine capitale.

 « Il existe beaucoup de clichés autour de la peine de mort, relève Ludivine Ferreira. On pense par exemple souvent que les condamnés à la peine capitale aux Etats-Unis sont en majorité afro-américains. Ce n'est pas le cas. Il y a, à l'heure actuelle, davantage de Blancs que de Noirs dans les couloirs de la mort. »

Malgré tout, la couleur de peau joue bel et bien un rôle, mais c'est au niveau de la victime qu'elle entre en ligne de compte. Pour Ludivine Ferreira, la victime focalise aujourd'hui une grande partie des enjeux du procès. La juriste se réfère à une étude publiée par le Death Penalty Information Center montrant que près de 80% des victimes tuées par des meurtriers condamnés par la suite à la peine de mort étaient blanches (contre 14% de victimes noires). Enfin, le poids financier du condamné (ou sa classe sociale) influence également l'issue du procès. Une personne riche se procurera une défense à tous les coups bien plus efficace que celle accordée à une personne sans grands moyens financiers. Le cas d'O.J. Simpson, champion sportif afro-américain inculpé pour le meurtre de sa femme et blanchi grâce à ses avocats hors-pairs, offre une démonstration aussi récente que percutante.

Mais pourquoi comparer la situation des Etats-Unis avec celle de la Suisse ? « C'est bien simple, répond Ludivine Feirreira. La Suisse connaît un système pénal qui m'est familier et qui est proche, voire similaire, à celui de l'Europe, dont la position est clairement abolitionniste. Quant aux Etats-Unis, c'est la quantité d'informations à disposition qui m'a décidée. En effet, les informations provenant d'autres pays rétentionnistes, comme la Chine, s'obtiennent non seulement au compte-goutte, mais risquent en plus d'être erronées. Par ailleurs les Etats-Unis représentent un élément de comparaison intéressant, avec un gouvernement à l'occidental, proche du nôtre, prompt à prêcher à l'extérieur des principes moraux pas forcément respectés sur son propre territoire. »

Parmi les soixante-huit pays qui pratiquent la peine de mort se trouvent des endroits dont les noms évoquent plus volontiers les plages idylliques que la guillotine,  comme les Bahamas, les Barbades ou Saint Vincent et les Grenadines. D'autres, au contraire, ne faisaient de toute façon plus rêver grand monde, comme l'Afghanistan, l'Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes. Et puis il y a ceux qu'on ne s'attendait pas vraiment à trouver du côté des partisans de la peine capitale, comme le Japon, l'Egypte, l'Inde, le Liban, le Vietnam ou Singapour.
A la fin de son allocution devant l'Association des anciens étudiants de la Faculté de droit (UniNext) qui lui a décerné le Prix UniNExt 2008, Ludivine Ferreira citait l'édition du Monde de ce 18 février dernier. Le grand quotidien français relevait en effet ce jour-là une conséquence assez inattendue de la crise économique : l'abolition de la peine de mort envisagée par une dizaine d'Etats américains. Pour des raisons d'abord économiques : la condamnation à mort pouvant coûter jusqu'à dix fois plus cher que la condamnation à la prison à vie.

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