Communiqué

de l'herbe plus verte pour les stades

Neuchâtel, le 27 mai 2008.  A l'heure où la Suisse s'apprête à accueillir l'Euro 2008, certains experts, non contents de suivre les matches, auront aussi tendance à observer la couleur de la pelouse sur laquelle évolueront les joueurs. C'est le cas d'une équipe du Pôle de recherche national (NCCR) Survie des plantes qui étudie une protéine dont l'absence permet aux végétaux de garder indéfiniment leur couleur verte. Si le gazon stay-green (de l'anglais « qui reste vert ») trouve déjà des débouchés commerciaux - cette caractéristique donne à la pelouse de Wimbledon son éclat - de nombreuses interrogations persistent quant au mode de fonctionnement de la protéine impliquée.

La perte de la couleur verte fait partie du vieillissement naturel d'une plante. Au fur et à mesure que la chlorophylle, le pigment responsable de la couleur, se dégrade, c'est toute l'activité liée à la photosynthèse, autrement dit la capacité de la plante à puiser son énergie de la lumière, qui est compromise. D'où l'intérêt de conserver aussi longtemps que possible une plante bien verte.

A l'Université de Zurich, Stefan Hörtensteiner et son équipe examinent le mode d'action de la stay-green protein (SGR) au niveau des cellules végétales, en comparant la physiologie et le métabolisme de plantes normales avec ceux de variétés mutantes dépourvues de la protéine en question (voir photo). A ce jour, plusieurs mutants ont été caractérisés dans différentes espèces végétales : riz, tomate, petit pois, piment (Capsicum annuum),  fétuque des prés (Festuca pratensis), ivraie enivrante (Lolium temulentum) et arabette des dames (Arabidopsis thaliana). Pour ce qui est des plantes cultivées, le recours à ces mutants devrait permettre d'en augmenter la production, comme cela a déjà été démontré en champ pour la fétuque. On peut aussi imaginer par ce biais favoriser l'attrait de certains légumes verts, comme les brocolis ou les salades.

Dans le numéro de juin de la revue Plant Molecular Biology, Stefan Hörtensteiner, Sylvain Aubry et Jan Mani démontrent que les petits pois portant cette mutation s'inscrivent dans la catégorie des plantes stay-green "cosmétiques", c'est-à-dire que la mutation SGR agit uniquement sur la couleur, les autres processus liés à la sénescence de la plante n'étant pas affectés. "Il est vrai que si vous plantez du gazon de type stay-green et qu'il subit une sécheresse intense comme celle de l'été 2003, votre gazon reste toujours vert. Même mort, il ne virera pas au jaune !", commente Stefan Hörtensteiner. En essayant de mieux comprendre le processus de dégradation de la chlorophylle via l'étude de la SGR,  les chercheurs du NCCR Survie des plantes espèrent aller au-delà du simple aspect cosmétique. Ils comptent découvrir des moyens de retarder le vieillissement des plantes, ce qui serait bien évidemment très prisé par les cultivateurs.

Mais ce n'est pas là leur seul mérite. L'an dernier, le groupe de Stefan Hörtensteiner co-signait un article dans la prestigieuse revue Science. Les chercheurs ont montré que dans le génome du petit pois, le gène SGR occupait la même position que celui qui empêche les graines de mûrir normalement, en passant du vert au jaune. Or on se souvient que cette caractéristique de couleur (jaune ou verte) est celle qui avait permis au célèbre botaniste Gregor Mendel d'établir ses fameux travaux sur l'hérédité publiés en 1866 !

Contact

NCCR Plant Survival
PD Dr Stefan Hörtensteiner
Universität Zürich
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Fax +41 44 634 82 04
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