Communiqué
une plante naine pour lutter contre la faim en Afrique
Un scientifique éthiopien de l'Université de Berne étudie dans le cadre du Pôle de recherche national (NCCR) Survie des plantes la plus importante céréale d'Ethiopie: le tef. Pour remédier à une excessive fragilité de la tige qui met à mal les récoltes, Zerihun Tadele produit des lignées de tef naines, issues d'une approche biotechnologique de pointe. Parallèlement à ses recherches, il co-organise une conférence internationale consacrée à la mise en valeur de cultures indigènes des pays en développement. L'événement se tiendra du 19 au 21 septembre à Berne.
Le tef (Eragrostis tef) arrive en tête des cultures céréalières d'Ethiopie, où il occupe plus d'un million d'hectares, avec de nos nombreux avantages. A commencer par sa capacité à pousser dans des conditions climatiques extrêmes puisqu'il supporte tant la sécheresse que les sols détrempés. Ses graines riches en protéines et en acides aminés supportent de longue période de stockage sans être attaquées par des ravageurs. Plus intéressant encore, le tef ne contient pas de gluten, un argument bienvenu sachant que de nombreuses personnes sont allergiques au gluten du blé.
Le rendement du tef reste toutefois limité. En effet, les plantes sont victimes de la verse, c'est-à-dire d'une faiblesse excessive de la tige qui affecte considérablement les récoltes, tant en qualité qu'en quantité. La FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) estime cette affection responsable d'environ 17% des pertes. Pour pallier ce défaut, une étude a débuté en 2006 à l'Université de Berne, grâce au soutien de la Syngenta Foundation for Sustainable Agriculture. Zerihun Tadele, un chercheur éthiopien membre du laboratoire du professeur Cris Kuhlemeier, entend créer des variétés de tef naines, qui résistent mieux au vent et qui ne s'affaissent pas suite à l'application de fertilisants.
Il se sert d'une technique génétique appelée TILLING qui a déjà fait ses preuves sur le maïs, le blé et l'orge. Son principe consiste à identifier les gènes responsables de la caractéristique que l'on souhaite modifier, en l'occurrence la taille. Une plante dont le génome est entièrement décrypté, comme le riz, est utilisée pour y chercher le gène qui contrôle cette caractéristique. Reste ensuite à trouver un gène correspondant pour le tef. Après une année d'étude, Zerihun Tadele a déjà réussi à produire quelques lignées de candidats nains, mais il est encore trop tôt pour savoir s'ils ont capables de croître sainement et s'ils génèrent des graines fertiles, conditions indispensables pour susciter l'intérêt des agriculteurs. Les résultats définitifs quant à la performance du tef nain sont attendus d'ici juin 2008.
Cultures orphelines
Le tef fait partie des cultures dites orphelines, au rang desquelles figurent des variétés de millet, ainsi que quelques espèces de pois, dont le niébé (Vigna unguiculata), le lentil d'Espagne (Lathyrus sativa) et le bambara (Vigna subterranea) ou encore des racines (manioc, patate douce). Bien qu'elles représentent un gagne-pain vital pour des millions d'Africains et qu'elles composent une bonne partie de leur régime alimentaire, ces cultures sont délaissées par la communauté scientifique qui préfère concentrer son attention sur les grandes cultures, telles que le blé, le maïs ou le riz. D'où l'intérêt de la rencontre organisée par Zerihun Tadele et Cris Kuhlemeier du 19 au 21 septembre à Berne.
Plus de soixante spécialistes y aborderont les moyens d'améliorer la production de ces plantes délaissées, que ce soit via l'optimisation de méthodes traditionnelles ou en recourant à la biotechnologie. La réunion entend se focaliser avant tout sur les méthodes non-OGM d'amélioration des plantes, comme le TILLING mentionné ci-dessus. Conférencier invité de marque, Ingo Potrykus fera le point sur l'aventure du riz doré (Golden Rice), un riz transgénique qu'il a mis au point en 1999 à l'ETH Zurich, destiné à pallier des carences en vitamine A qui affectent plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde.
Lien vers le site web de la conférence: http://www.botany.unibe.ch/deve/orphancrops/index.htm
Contact
Dr. Zerihun Tadele
Institute of Plant Sciences
University of Bern
Switzerland
phone: +41 31 631 49 54
fax: +41 31 631 49 42
tadele@ips.unibe.ch