Communiqué de presse
Le Léman : espace représenté, espace aménagé
Neuchâtel, le 28 novembre 2006. Une étude réalisée à l'Institut de géographie de l'Université de Neuchâtel explique comment le rapport entretenu entre les sociétés riveraines et les lacs en Suisse a changé au fil du temps et comment ces différents types de rapports influencent notre manière actuelle de gérer ces territoires. Les résultats de cette étude proposent des pistes de réflexion pour mieux prendre en compte la spécificité lémanique dans les décisions d'aménagement.
La Suisse comporte une grande variété de paysages qui sont aujourd'hui gérés grâce aux outils de l'aménagement du territoire. Les espaces lacustres, nombreux dans notre pays, en font partie. Interrogés sur leurs choix résidentiel ou leurs pratiques de loisirs les riverains témoignent de leur relation particulière, faite souvent d'un fort attachement, à ces étendues d'eau. Le lac Léman, le plus grand lac d'Europe qui draine un bassin de population d'environ 1 million d'habitants répartis sur deux pays, constitue un cas emblématique de ces rapports riches et complexes entre sociétés et environnement.
Pour pouvoir administrer au mieux ces territoires et prendre les meilleures décisions en matière d'aménagement des rives, il est important de prendre en considération ces dimensions « relationnelles », c'est-à-dire cette histoire sociale et culturelle des lacs. Il faut, à cette fin, comprendre quels ont été les liens qui se sont créés entre ces espaces et les sociétés qui les ont habités et voir dans quelle mesure ces liens ont évolués au fil des années. C'est précisément le thème d'une recherche menée par la géographe Sophie Marchand dans le cadre de son mémoire de licence.
Basée en premier lieu sur une recherche documentaire portant aussi bien sur des cartes topographiques anciennes, des peintures, des affiches promotionnelles que sur des romans décrivant le Léman, cette étude propose de remettre l'évolution des aménagements des rives lémaniques dans son contexte historique (de la Renaissance à aujourd'hui) et d'en faire ressortir les représentations et pratiques collectives dominantes à différentes époques. Les résultats montrent que différentes « cultures lémaniques » se sont forgées au fil des siècles. Par ailleurs, ils montrent que ces différentes manières de voir et de pratiquer le Léman se retrouvent, à des degrés divers, dans la façon actuelle de gérer le territoire lémanique. Enfin, cette recherche met en évidence la prise de conscience relativement récente de la nécessité de protéger le Léman, tant au niveau de sa richesse écologique que de son immense patrimoine matériel (architecture, bateaux « Belle Epoque », etc.) et immatériel (savoir-faire, modes de vie, traditions). Ce mémoire conclu ainsi à l'importance de disposer d'une définition précise du patrimoine lémanique permettant à l'aménagement du territoire de mettre en valeur et parfois de protéger la foisonnante histoire culturelle du Léman.
La recherche « Le Léman : espace représenté, espace aménagé», réalisée par Sophie Marchand, est disponible dans la collection Géo-Regards. Les journalistes peuvent en obtenir un exemplaire gratuitement.
