Communiqué de presse
De la science à la littérature : Louis Agassiz, ou l'origine du fossé institutionnel
Neuchâtel, le 14 mars 2006. Partant de la constatation un brin paradoxale que la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Neuchâtel se trouve à une adresse qui honore l'un des fondateurs de la science moderne (Louis Agassiz), la leçon inaugurale du professeur d'anglais Patrick Vincent se veut être à la fois un état des lieux de la discipline et une réflexion plus générale sur la place de la littérature dans le monde actuel, en particulier dans ses liens avec les sciences naturelles.
Dans un article récent, Louis Menand, professeur d'anglais à l'Université de Harvard, a lancé un cri d'alarme en déclarant que la vie intellectuelle en occident est menacée par une trop grande confiance dans les explications biologiques du comportement humain, et dans les théories économiques néolibérales des organisations sociales. Son avertissement se concrétise en particulier dans les décisions politiques actuelles qui visent à développer les disciplines scientifiques avec une visibilité forte et des retombées économiques immédiates, aux dépens des lettres et sciences humaines.
Si l'on peut soutenir que l'origine du clivage entre les « deux cultures » de la science et des humanités remonte à la querelle des anciens sur la philosophie et la poésie, c'est l'invention de la science moderne et le foisonnement des nouvelles spécialisations, au 19e siècle, qui creuse le fossé institutionnel. On peut s'amuser à fixer une date précise à ce changement, l'arrivée de Louis Agassiz à Boston le 3 octobre 1846.
La leçon inaugurale du professeur Patrick Vincent utilisera l'aventure d'Agassiz en Amérique comme étude de cas, passant d'abord en revue ce nouveau contexte qui permet à Agassiz de devenir le scientifique américain le plus influent de son siècle, examinant ensuite sa relation avec plusieurs hommes de lettres américains, dont le poète James Lowell, le philosophe Emerson, et surtout l'excentrique Henry Thoreau. Curieusement, ce dernier, un essayiste et naturaliste amateur, accepte, anticipe même la théorie darwinienne de l'évolution, alors qu'Agassiz restera figé dans une vision créationniste de l'univers. S'inspirant du dernier livre du paléontologue Stephen Jay Gould, Le renard et le hérisson, Patrick Vincent proposera une explication à cette énigme. Ce récit de la relation entre Louis Agassiz et Henry Thoreau servira à mettre en exergue l'importance de la littérature, et à combler un petit peu le fossé entre les disciplines.
Neuchâtel, le 14 mars 2006. Partant de la constatation un brin paradoxale que la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Neuchâtel se trouve à une adresse qui honore l'un des fondateurs de la science moderne (Louis Agassiz), la leçon inaugurale du professeur d'anglais Patrick Vincent se veut être à la fois un état des lieux de la discipline et une réflexion plus générale sur la place de la littérature dans le monde actuel, en particulier dans ses liens avec les sciences naturelles.
Dans un article récent, Louis Menand, professeur d'anglais à l'Université de Harvard, a lancé un cri d'alarme en déclarant que la vie intellectuelle en occident est menacée par une trop grande confiance dans les explications biologiques du comportement humain, et dans les théories économiques néolibérales des organisations sociales. Son avertissement se concrétise en particulier dans les décisions politiques actuelles qui visent à développer les disciplines scientifiques avec une visibilité forte et des retombées économiques immédiates, aux dépens des lettres et sciences humaines.
Si l'on peut soutenir que l'origine du clivage entre les « deux cultures » de la science et des humanités remonte à la querelle des anciens sur la philosophie et la poésie, c'est l'invention de la science moderne et le foisonnement des nouvelles spécialisations, au 19e siècle, qui creuse le fossé institutionnel. On peut s'amuser à fixer une date précise à ce changement, l'arrivée de Louis Agassiz à Boston le 3 octobre 1846.
La leçon inaugurale du professeur Patrick Vincent utilisera l'aventure d'Agassiz en Amérique comme étude de cas, passant d'abord en revue ce nouveau contexte qui permet à Agassiz de devenir le scientifique américain le plus influent de son siècle, examinant ensuite sa relation avec plusieurs hommes de lettres américains, dont le poète James Lowell, le philosophe Emerson, et surtout l'excentrique Henry Thoreau. Curieusement, ce dernier, un essayiste et naturaliste amateur, accepte, anticipe même la théorie darwinienne de l'évolution, alors qu'Agassiz restera figé dans une vision créationniste de l'univers. S'inspirant du dernier livre du paléontologue Stephen Jay Gould, Le renard et le hérisson, Patrick Vincent proposera une explication à cette énigme. Ce récit de la relation entre Louis Agassiz et Henry Thoreau servira à mettre en exergue l'importance de la littérature, et à combler un petit peu le fossé entre les disciplines.
Où et quand
la leçon inaugurale du professeur Patrick Vincent est publique.
Elle aura lieu mercredi 22 mars 2006 à 17h15, à l'Aula du bâtiment principal, Av. du 1er-Mars 26 à Neuchâtel