Communiqué de presse

L'architecture de la conversation

Neuchâtel, le 13 décembre 2005. La conversation, alors qu'elle nous semble aller de soi, est en réalité dotée d'étonnantes régularités et de principes organisationnels récurrents. Processus foncièrement dynamique, contextualisé, en constant accomplissement, la conversation suit un ordre de déroulement hautement structuré que l'on pourrait appeler une « architecture de l'intersubjectivité ». Visite guidée en compagnie de la linguiste neuchâteloise Simona Pekarek Doehler à l'occasion de sa leçon inaugurale qui aura lieu mercredi.

L'étude de cette architecture peut certes nous renseigner sur le fonctionnement de la conversation, et peut-être même sur la manière dont nous fonctionnons, en tant qu'êtres sociaux, dans les pratiques communicatives les plus diverses. Mais elle ne se limite pas à cela. En tant que forme fondamentale de notre vie sociale, l'échange conversationnel est une clé de voûte dans la configuration de nos identités, de nos rapports sociaux, voire de nos raisonnements pratiques.

La leçon inaugurale de Simona Pekerak Doehler donne un aperçu des principes de base régissant l'architecture de la conversation et réfléchit à son implication dans notre vie à la fois sociale et intellectuelle. Il s'agira d'établir un pont entre des traditions relevant de la sociologie d'une part et de la linguistique de l'autre (l'ethnométhodologie et l'analyse conversationnelle; la linguistique interactionnelle) et, sur cette base, d'illustrer dans quelle mesure une analyse fine des interactions sociales peut nous renseigner sur trois autres ensembles hautement structurés, à savoir l'ordre social, la cognition et le système linguistique.

Sur le plan linguistique, cette analyse met en évidence la dynamique interactive comme un lieu où se configurent de manière locale tant le fonctionnement des unités linguistiques que leurs formes de réalisation particulières. Sur un plan plus général, l'analyse souligne le rôle constitutif de l'interaction sociale dans l'organisation des processus socio-cognitifs. Par ce dernier point, cet exposé cherche à articuler le projet d'investigation linguistique à une entreprise plus large, émanant actuellement de plusieurs disciplines en sciences humaines et sociales, qui situe nos raisonnements pratiques et plus généralement nos activités cognitives (dont l'activité de langage) non pas dans l'intériorité d'un individu psychologique, refermé sur soi-même et décontextualisé, mais dans l'action collective socio-historiquement située.


La leçon inaugurale de la linguiste Simona Pekarek Doehler aura lieu mercredi 14 décembre à 17h15 à l'Aula du bâtiment de l'Avenue du 1er-Mars 26 à Neuchâtel. Entrée libre.

Renseignements : Simona Pekarek Doehler; simona.pekarek@unine.ch