La vie après UniNE
« Nous irons à la rencontre des acteurs du sol »
Noëmie Linsig, ethnobiologiste à Neuchâtel
Lorsqu’elle quitte l’Université de Neuchâtel en 2009, Noëmie Linsig est en possession d’un Bachelor en ethnobiologie et d’un Master en écologie et éthologie évolutives. Elle travaille depuis 2011 dans une ONG, le Centre Ecologie Albert Schweitzer, et a pour projet personnel un voyage « humaniste, d’éducation à l’environnement et de vulgarisation scientifique ».
En quoi consiste votre travail ?
Au Centre Ecologique Albert Schweitzer, nous mettons au point et adaptons des innovations pour lutter contre la pauvreté en Afrique, tout en préservant l'environnement. L’accent est mis sur l’utilisation des énergies renouvelables, par exemple le séchoir solaire pour les fruits et légumes ou les turbines horizontales pour créer du courant à partir des chutes d’eau. Nous sommes aussi très actifs dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l’agroécologie et de l’assainissement des déchets.
En tant qu’assistante chargée de programmes, je m’occupe de la coordination des projets entre la Suisse et le Burkina Faso, le Sénégal et Madagascar et participe à la définition des objectifs. Une de mes missions est la recherche de fonds, indispensable au financement des projets. La fonction est diversifiée, mais le travail de terrain me manque.
C’est pourquoi vous avez un nouveau projet…
Mon partenaire, spécialisé en microbiologie du sol, et moi-même avons décidé de réaliser un projet d’éducation à l’environnement et de vulgarisation scientifique sur le thème du sol, au cours d’un voyage d’un an et demi autour du monde.
Nous irons à la rencontre des acteurs du sol - agriculteurs, pédologues, agronomes et même jardiniers du dimanche. Nous partagerons leur vision du sol et de son avenir à travers une série de portraits et d’articles publiés sur la toile. L’objectif est de faire un état des lieux de la prise de conscience de la destruction des sols et des risques que cela induit.
Vous avez suivi des études interdisciplinaires…
Effectivement, j’ai suivi la formation en ethnobiologie, soit au croisement d’une science humaine, l’ethnologie, et d’une science du vivant, la biologie. Nous suivons d’un côté des cours d’ethnologie, et de l’autre des cours de biologie. Le lien, c’est à nous de le faire, à l’occasion des travaux personnels ou de groupes.
Se pose alors une question existentielle : sommes-nous des biologistes qui faisons de l’ethnologie ou alors des ethnologues qui avons des connaissances de botanique ? Pour ma part, je reste convaincue que l’ethnobiologie est une science à part entière.
Quels étaient les points forts de votre cursus ?
L’Université de Neuchâtel est réputée pour sa biologie de terrain… et je le confirme ! Entre les excursions, les camps en botanique, les travaux pratiques en extérieur, nous sommes servis. De plus, les petites classes favorisent un vrai esprit de groupe. Suite à un stage de botanique tropicale à Madagascar, notre classe a monté une association, afin de permettre à ceux qui nous avaient si bien accueillis de venir faire un stage à Neuchâtel.
La travail en ethnologie est différent. Il est plus centré sur les bouquins. Cela dit, il y avait aussi des séminaires très intéressants. Et l’Université de Neuchâtel est la seule en Suisse romande à proposer une formation en ethnologie.
Aujourd’hui, que retenez-vous de vos études universitaires ?
Ces études m’ont apporté une vision globale des problèmes et des différents enjeux. J’ai aujourd’hui l’occasion de travailler avec des ingénieurs, qui ont une approche beaucoup plus orientée problème - solution. C’est très différent.
Elles m’ont aussi permis d’acquérir une certaine souplesse, d’être à l’aise dans différentes tâches, de la rédaction au montage de projets.
Quel est votre conseil pour un futur étudiant ?
Choisissez vos études en fonction de vos intérêts mais aussi en fonction des débouchés. Il faut aussi apprendre à justifier pourquoi on a choisi telle ou telle voie.
Interview UniNE 2012