La vie après UniNE
« Une certaine sécurité à propos de soi-même »
Laura Sánchez Serrano, co-coordinatrice du projet artistique «Schaustelle» à Munich
Laura Sánchez Serrano a obtenu un Master en études muséales à l’Université de Neuchâtel en 2010, après être passée par l’histoire de l’art à Madrid et à Bruxelles, puis, par l’Ecole du Louvre à Paris. Nomade culturelle, elle travaille - au moment de l’interview - à Munich, à la coordination d’un projet de la Pinakothek der Moderne.
Quelles sont vos occupations actuelles ?
Je travaille à un projet provisoire de la Pinakothek der Moderne. La Pinakothek inclut plusieurs musées (design, architecture, art moderne et art graphique) qui habituellement ne collaborent pas. Comme cette institution va fermer pendant six mois, l’objectif est de construire un bâtiment provisoire, le « Schaustelle »*, où les quatre musées vont pouvoir interagir d’une façon assez spéciale, expérimentale, avec des performances, de l’art vidéo etc. Je suis co-coordinatrice de ce projet. «Schaustelle» est un jeu de mot avec «Baustelle», soit une sorte de chantier-vitrine !
Vous avez déjà travaillé en tant qu’assistante d’une artiste (Cristina Santander) à Buenos Aires, comme commissaire d’exposition à Zurich (Kunsthaus), comme médiatrice culturelle à Paris (Grand Palais) et à Bienne (PasquArt)… quel éclectisme !
Je m’intéresse à beaucoup de choses ! Et il est vrai aussi que les beaux-arts sont un secteur où il est difficile de trouver un travail fixe. J’aime beaucoup la médiation culturelle. Mais à plus long terme, c’est vraiment le travail de commissaire d’exposition que j’envisage.
Du point de vue de votre formation, vous avez fait des études d’histoire de l’art à Madrid, puis à Bruxelles dans le cadre d’Erasmus. Ensuite, vous vous êtes orientée vers des études muséales à L’Ecole du Louvre à Paris, puis à Neuchâtel…
Pour pouvoir utiliser professionnellement mes connaissances acquises en histoire de l’art, j’ai souhaité me spécialiser en muséologie. J’ai passé une année à l’Ecole du Louvre, mais je ne voulais pas rester en France, car mon copain vivait à Berne. Je l’y ai rejoint, et c’est là que j’ai découvert que l’Université de Neuchâtel avait un accord avec l’Ecole du Louvre, que je pouvais y faire ma deuxième année pour décrocher un master en études muséales. L’UniNE a validé le stage en médiation culturelle que j’avais fait entre-temps au Centre PasquArt, à Bienne, pendant six mois, avec le soutien d’une bourse StudEx. Puis j’ai fait mon mémoire de master avec Régine Bonnefoit, sur le thème des expositions de sculpture dans l'espace public.
Quels ont été les points forts de votre formation à Neuchâtel ?
J’aime beaucoup l’Université de Neuchâtel. D’abord… sa situation est incroyable, juste à côté du lac ! J’ai un excellent souvenir du bâtiment des Lettres lui-même, j’allais souvent à la bibliothèque pour y écrire mon mémoire. J’ai apprécié aussi le fait que l’UniNE soit petite, d’où une vraie dimension humaine. Si je pense à Madrid ou à Bruxelles, c’est tellement grand que les étudiants n’ont pas vraiment de contact avec les profs, ni même avec les autres étudiants. A Neuchâtel, les professeurs sont accessibles, à l’écoute. Peut-être que les autres étudiants trouvent cela normal, mais ce n’est vraiment pas le cas dans les autres universités, où on n’ose pas les approcher, parce qu’on est cent deux mille et que la hiérarchie est beaucoup plus marquée. Une autre qualité de l’Université de Neuchâtel, c’est de ne pas perdre de vue le côté pratique de la formation. Dans le cadre des cours que j’ai suivis, il y avait beaucoup de travaux pratiques, et c’est important.
Dans la réalité de votre travail, que retenez-vous finalement de vos études universitaires ?
En fait, le travail, on l’apprend quand on est dans le travail lui-même. Mais disons que l’université m’a donné la culture, et aussi la structure, ce qui est essentiel dans mon travail quotidien. En fait, à l’université, on acquiert la base nécessaire pour se sentir sûr à propos de soi-même, et donc pour aller plus loin dans le travail.
Quel conseil auriez-vous à donner à un étudiant ou à un futur étudiant ?
Si je me limite à mon domaine, je dirais que la combinaison histoire de l’art / études muséales est très intéressante. Nécessaire, même. La formation muséale permet de ne pas rester dans les livres, mais de se plonger dans la vie réelle, d’interagir avec les gens : on a des contacts avec les musées, avec le public, qui sont les lieux où l’on va travailler, parce qu’il n’y a finalement pas tellement de places de professeur à l’université ! Autre conseil : faire des stages régulièrement, pas seulement à la fin. Les études en Suisse nous permettent justement d’avoir le temps de faire des choses à côté. Les stages nous donnent l’occasion d’accumuler des expériences et c’est cela qui fera la différence lorsqu’on ira chercher un travail !
Interview UniNE 2013
* « Schaustelle » ouvert d’avril à septembre 2013