La vie après l'UniNE

« Le bachelor n’est pas une porte, mais la clé pour accéder au master! »

Johan Barbezat, Equity Derivatives Trader, Credit Suisse

Au terme de son Master en finance en 2014, Johan Barbezat a été engagé en tant que trader à Credit Suisse, à Zurich. Un poste à responsabilités à la hauteur de ses ambitions.

Votre master en poche, vous avez tout de suite été engagé chez Credit Suisse. Un coup de chance?

Je parlerais plutôt d’opportunité. J’ai participé au terme de mes études à un concours organisé par le CFA Institute. Il s’agit d’une association internationale pour les professionnels de l’investissement, qui organise de nombreux événements et concours, dont le CFA Institute Research Challenge. Ce dernier met en compétition, au niveau mondial, les étudiants des universités membres. Après avoir remporté la manche à l’échelon neuchâtelois, l’équipe dont je faisais partie a participé à la finale suisse organisée à Zurich en mars 2014. Nous avons terminé deuxième, mais avec mention pour notre présentation.

Là-bas, j’ai pu rencontrer des investisseurs, banquiers et autres analystes financiers travaillant tous pour des banques prestigieuses, telle que la Bank of America ou Credit Suisse. Ce concours a été un véritable atout pour me démarquer au niveau suisse des autres étudiants en finance. Pour preuve: quand j’ai postulé à Credit Suisse, j’ai rapidement passé un entretien d’embauche. J’ai d’abord été engagé pour un stage de six mois sans garantie, au terme duquel j’ai accédé à un poste fixe. Depuis tout roule!

Parlez-nous de votre travail au quotidien?

Parmi les quelque 7000 employés que comptent les bureaux de Zurich, je fais partie d’une équipe constituée d’une dizaine de personnes, dont la tâche est de gérer les risques associés aux produits financiers que la banque a vendus à des investisseurs. Autrement dit, je suis ce qu’on appelle communément un trader ou plus exactement un Equity Derivatives Trader (opérateur de marché sur les dérivés d’actions, ndlr). Chaque jour, je dois gérer les risques, faire en sorte de gagner de l’argent et, surtout, ne pas en perdre.

Et quand je parle d’argent, il s’agit de millions de francs. Mes journées commencent à 7h15. Mais dès le lever, je me connecte à l’actualité pour savoir ce qui s’est passé dans le monde pendant mon sommeil. Pour anticiper, prendre les bonnes décisions, il faut être au courant de tout. Cela demande également une solide résistance au stress: nous sommes sur le fil 11 à 12 heures par jour. La majorité des transactions se font en anglais. Comme je suis bilingue, ça va. La deuxième langue utilisée est l’allemand, plus précisément le suisse allemand, auquel je me suis mis depuis que j’habite à Zurich.

En quoi le Master en finance vous a-t-il préparé à cette fonction?

Sans le master, je n’aurais pas la capacité d’approcher et de résoudre des problèmes financiers. La formation m’a appris à réfléchir, à anticiper, à avoir une vue d’ensemble. Je peux dire avec le recul qu’elle est excellente! J’irais même jusqu’à affirmer que, par rapport à d’autres étudiants, nous avons de sérieux avantages.

Durant une année et demie, nous sommes continuellement mis sous pression: il faut rendre des travaux de groupe dans des délais très courts; les sujets abordés sont très pointus; toutes les semaines, il faut faire des séries d’exercices en live, l’objectif étant d’être au plus près des conditions réelles du marché. On apprend ainsi à gérer notre temps et notre travail. Et tout ça, en anglais. C’est très efficace! C’est un master difficile, mais qui paie au final. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas pu accéder à un poste de trader au sein d’une banque comme Credit Suisse.

La finance, c’est un domaine qui vous passionne depuis toujours?

Pas du tout. Si on m’avait prédit à 17 ans que j’allais être trader à 24 ans, je ne l’aurais pas cru. Je n’aimais pas du tout les chiffres. J’étais très littéraire: j’adorais les langues, le français, l’histoire… Je faisais également beaucoup de théâtre et je rêvais de faire du cinéma. J’aurais adoré faire l’Ecole supérieur d’art dramatique de Paris (ESAD), mais mes parents n’ont pas voulu. Du moins, pas tout de suite. Ils m’ont encouragé à poursuivre mes études, histoire d’avoir un papier. J’ai donc commencé l’Université un peu malgré moi. Et j’ai choisi les sciences économiques parce que mes copains y allaient. A ma grande surprise, j’ai rapidement eu du plaisir. Le déclic pour la finance s’est produit lors d’un cours archi difficile sur l’Asset pricing (évaluation des actifs financiers, ndlr). J’aime quand il y a des challenges. Le cours sur les marchés financiers, avec les produits dérivés, m’a également passionné. Le choix du master s’est imposé de lui-même.

Quels sont, avec le recul, les points forts de l’Université de Neuchâtel?

J’ai passé en tout six ans à l’Université de Neuchâtel. Les premières années, j’étais très actif en dehors de ses murs. Il a fallu que je fasse le master pour que je comprenne vraiment ce qu’était l’université. C’est à ce moment que j’ai commencé à aller voir les profs, les assistants, à discuter avec eux. Ils sont tous très disponibles, prêts à aider. C’est une proximité qui a une valeur énorme. Je l’ai compris sur le tard. Nous avons en outre la chance d’étudier dans un environnement calme et sain, au bord du lac. Sans oublier l’emplacement qui est idéal, avec un accès direct à la gare. Je n’en garde que de bons souvenirs.

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou futur étudiant ?

Dans le domaine de l’économie ou des finances, je l’encouragerais vivement à poursuive avec un master, une fois son bachelor obtenu. C’est primordial. Pour moi, le bachelor n’est pas une porte, mais la clé pour accéder au master! C’est ce qu’il faut avoir en tête en commençant des études. C’est d’ailleurs la première chose que les recruteurs regardent pour un poste fixe.

Et pour choisir son master, je lui conseillerais de prendre une année sabbatique, non pas pour voyager ou suivre des cours de langues, mais pour effectuer différents stages dans des entreprises. Je sais que les profs prônent le contraire: plus on termine vite, mieux c’est. Pourtant, c’est lors de cette année qu’il pourra se faire une idée réelle de ce qui se passe dans le monde du travail. Il pourra non seulement anticiper au mieux le choix de son master, mais surtout créer de nouveaux contacts en vue d’un emploi futur.

 

Interview UniNE 2016