Un sacerdoce
Les critères de l'excellence scientifique reflètent également une attente tacite, celle d'attester d'une « vraie vocation ».
Le contenu de cette construction sociale varie. En général, elle implique, pour les doctorant-e-s, d'intérioriser un certain nombre de normes mais aussi de se soumettre à toute une série de pratiques symboliques qui attestent qu'ils/elles veulent et peuvent se transformer en chercheur-e-s doté-e-s d'un avenir scientifique.
Par exemple, un-e jeune chercheur-e se doit de montrer qu'il et elle est prêt-e à déménager s'il le faut, à s'investir dans différentes commissions ou conseils, à travailler le week-end pour étoffer son dossier scientifique, etc.
Dans l'univers de référence du monde académique, la vie familiale, un engagement dans des activités associatives ou culturelles restent perçues comme des entraves potentielles à une carrière prometteuse, en particulier pour les femmes. En effet, si la parentalité n'est jamais perçue comme quelque chose qui pourrait troubler l'engagement scientifique d'un homme, c'est encore souvent le cas pour les chercheures, indépendamment du fait que cela fasse ou non partie de leurs projets.
Face au risque d'abandon que représentent ces diverses barrières symboliques pour les doctorant-e-s, le soutien de la direction de thèse est très important.
Les réseaux tant formels (p.ex écoles doctorales, programmes de mentorat proposés par les Bureaux de l'égalité) qu'informels (échanges entre doctorant-e-s, associations et groupes actifs) constituent également des soutiens importants.
« Mon respect s'accrut pour ce saint homme dont le dévouement ne trouvait pas de récompense: je fus préparé de bonne heure à traiter le professorat comme un sacerdoce et la littérature comme une passion »
Jean-Paul Sartre (1964), Les Mots, Paris: Gallimard, p. 33.
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