Communiqué
trois ingrédients pour un sol stable et fertile
Neuchâtel, le 26 janvier 2009. Les racines des plantes, les mycorhizes (champignons vivant en symbiose avec les racines) ainsi que les vers de terre sont des acteurs indispensables au bon fonctionnement d'un sol, tout en lui assurant une stabilité et une structure optimales. C'est ce que démontre une étude sur des poireaux menée dans le cadre du Pôle de recherche national (NCCR) Survie des plantes et publiée dans la revue scientifique Plant and Soil.
Doctorante au sein du laboratoire Sol et Végétation de l'Université de Neuchâtel, Roxane Milleret s'intéresse au rôle que jouent les racines, les champignons mycorhiziens et les vers de terre dans l'environnement souterrain du poireau. Sous la direction de Jean-Michel Gobat et de Claire Le Bayon, la jeune biologiste a analysé les actions séparées et combinées de ces trois acteurs, tant sur la structure du sol que sur le développement de la plante. Elle présentera ses résultats début février lors de l'assemblée annuelle de la Société suisse de pédologie.
S'agissant du premier aspect, la plus grande surprise vient de l'influence des mycorhizes. Ces champignons (Arbuscular Mycorrhiza Fungi ou AMF) sont connus pour leur étroite relation avec les racines. D'une part, les plantes leur assurent un apport de carbone et, d'autre part, considérés comme une extension du système racinaire, ils facilitent l'accès des éléments nutritifs du sol aux plantes. Les chercheurs ont démontré que des interactions très importantes des AMF avec les racines du poireau sont bénéfiques pour le sol, car elles augmentent significativement la proportion de macro-agrégats (taille supérieure à 0.25 mm) ; ceci confère au sol une meilleure stabilité, signe de fertilité. Cependant, contrairement à ce que suggéraient des études précédentes, un enrichissement du sol avec des AMF seuls n'a aucune conséquence sur les macro-agrégats. « Nous pensons donc que c'est surtout l'effet combiné des sécrétions des racines et de la glomaline, une protéine sécrétée par les AMF, ainsi que la capacité des racines et filaments des champignons à agglomérer de petits agrégats en macro-agrégats, qui donne au sol une meilleure stabilité », commente Roxane Milleret. Quant aux vers de terre, ils ont, dans cette étude, freiné la colonisation des racines par les AMF, avec une action plutôt déstructurante sur le sol, au moins sur les macro-agrégats.
Pour ce qui est du développement de la plante, les actions des vers de terre et des AMF ont des effets divergents sur la quantité de biomasse racinaire. La valeur la plus élevée est atteinte en présence des AMF seuls, suivie de la combinaison AMF et vers de terre. La biomasse diminue encore si on ne garde que les vers de terre, le cas le plus défavorable étant mesuré dans des pots sans AMF ni vers de terre. Ces observations illustrent de manière parfaite le rôle positif joué par l'association des organismes vivant du sol, pourtant très différents !
Roxane Milleret et ses collègues précisent enfin que les performances conjuguées des AMF et des vers de terre sur le développement du poireau en termes de biomasse dépendent également d'une présence suffisante d'éléments nutritifs dans le sol que sont principalement l'azote et le phosphore.
Contact
Laboratoire Sol et végétation
roxane.milleret@unine.ch
doctorante-assistante
jean-michel.gobat@unine.ch
Professeur ordinaire
claire.lebayon@unine.ch
Maître-assistante