La vie après UniNE
« On ne peut pas construire n’importe quoi n’importe où »
Erica Di Nicola, aménagiste du territoire à Lausanne
Erica Di Nicola a terminé en février 2010 sa licence* en lettres et sciences humaines à l’Université de Neuchâtel, avec comme branches d’étude la géographie, la littérature italienne et les sciences de l’éducation. Depuis 2011, elle est engagée comme urbaniste à l'Etat de Vaud pour la région de Nyon.
En quoi consiste votre travail ?
On ne peut pas construire n’importe quoi n’importe où : un territoire, ça s’aménage. Mais qui planifie cet aménagement ? Communes, cantons, Confédération, bureaux d’urbanisme… pour un même espace, les acteurs sont nombreux, les intérêts multiples et souvent opposés. Chacun a ses compétences et une étroite collaboration s’impose afin d’éviter toute incohérence.
Mon rôle au service du développement territorial est de vérifier que les plans de planification proposés par les communes soient conformes aux grandes lignes de développement fixées par le canton, en matière d’urbanisation, de préservation du paysage, de planification de quartier ou d’équipements publics.
Comment vous y prenez-vous ?
Prenons l’exemple d’une commune qui veut implanter une déchetterie sur son territoire, en l’occurrence sur une parcelle en forêt. Pour cela, elle souhaite changer l’affectation de cette parcelle en une zone à bâtir. La commune nous remet son dossier complet, que nous transmettons aux différents services concernés pour consultation. Une fois les préavis rassemblés, nous en faisons la synthèse et procédons à une pesée des intérêts. Nous organisons des séances, faisons des propositions à la commune et, au final, donnons notre accord ou non.
D’une manière générale, pour l’implantation d’infrastructures publiques, nous invitons les communes « à penser régional », à travailler avec leurs voisines.
Avez-vous préparé le terrain pendant vos études universitaires ?
Alors que j’étudiais à l’Université de Neuchâtel, je me suis présentée aux élections communales de mon village, Peseux (NE). J’ai été élue à l’exécutif et on m’a confié le dicastère de l’urbanisme. Cela a été une vraie révélation, d’autant plus que le village connaît une dynamique de densification. J’ai développé un vrai intérêt pour l’aménagement du territoire, avec ses instruments et ses enjeux. J’ai aussi pu me créer un réseau de relations, réseau qui s’est révélé très utile au moment de trouver un stage suite à mes études.
Jusque là, j’étais loin de m’imaginer exercer dans le domaine. Je me destinais à une toute autre voie : l’enseignement de la géographie et de l’italien.
Vous exercez aujourd’hui dans un domaine étranger à vos études…
Oui et non. L’aménagement du territoire était une thématique en géographie, bien que l’institut à Neuchâtel soit plus spécialisé dans les questions de géographie humaine.
En fait, j’ai suivi deux cours dits d’introduction. Le premier n’en était pas vraiment un. Le professeur, quelqu’un du métier, était un passionné. Je trouvais ses enseignements trop complexes pour des non-initiés. Je rêverais de pouvoir suivre à nouveau ce cours aujourd’hui, avec mes connaissances actuelles, pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Le second était une vraie introduction.
Que retenez-vous de vos études ?
Il est encore difficile pour moi de tirer un bilan, tant la qualité des cours était hétérogène. Certains étaient à mes yeux trop académiques et manquaient d’histoire de vie. D’autres, en revanche, m’ont beaucoup plu. Je buvais littéralement les paroles des professeurs.
Ce que l’Université m’a vraiment apporté, c’est un esprit d’ouverture, une autre façon de voir les choses, un sens de l’analyse et de la critique. Mais aussi de la connaissance, dans plein de domaines… j’aurais tendance à dire de la culture générale.
De l’Université, je retiens aussi ses différents rythmes. Les premières années ont été les plus difficiles, c’était vraiment soutenu.
Quel est votre conseil pour un futur étudiant ?
Accrochez-vous la première année ! C’est un tremplin, la branche n’est pas forcément intéressante. Elle le devient au fil des années, car vous aurez acquis les bases indispensables.
N’hésitez pas non plus à modifier votre cursus en cours d’étude, si vous sentez qu’une branche ne vous convient pas ou que vos intérêts professionnels évoluent.
*titre équivalent au Master actuel, utilisé avant l’introduction du processus de Bologne.
Interview UniNE 2012