La vie après UniNE
« L’université m’a apporté la culture »
Anaïs Girard, chargée de production à Neuchâtel
Anaïs Girard a obtenu une licence* interfacultaire en sciences humaines et sociales, journalisme et communication, sociologie, sciences politiques en 2007. Restée fidèle à Neuchâtel, elle travaille depuis 2009 dans l’industrie du cinéma, comme chargée de production auprès des Productions JMH.
« Chargée de production »… en quoi consiste concrètement votre travail ?
A m’occuper d’un film, du début à la fin. Cela commence par l’accueil du projet, puisque ce sont en général les réalisateurs qui nous contactent. Il s’agit de voir si le film peut nous intéresser. Si c’est le cas, et si on est d’accord sur les thématiques et la façon de les traiter, on démarre. Il faut alors monter un dossier complet (qui inclut le scénario, même lorsqu’on fait du documentaire) avec une grosse part de rédactionnel : un dossier peut être revu, réécrit sept ou huit fois avant d’être définitif. Le dossier a pour finalité de nous aider à trouver des financements pour monter la production, auprès de l’OFC, l’Office fédéral de la Culture, mais aussi d’éventuels coproducteurs, en France ou en Belgique par exemple.
Puis c’est le tournage, avec toute la partie logistique que cela implique : réserver des vols, des hôtels, obtenir les autorisations de tournage. Quand c’est au Mozambique ou en Ethiopie, ce n’est pas simple ! Enfin, après le tournage et la postproduction, on s’occupe aussi de l’aspect marketing : création d’affiches, de flyers, organisation des avant-premières… Chez JMH, il y a deux personnes attribuées à la production, deux autres à la distribution, mais dans une si petite équipe, chacun touche à tout bien sûr.
Les Productions JMH ont un catalogue prestigieux, qui va de films de Robert Bresson ou Claude Goretta à Fernand Melgar en passant par les coproductions de Microcosmos ou Le Peuple Migrateur… On se sent une responsabilité artistique particulière à travailler là ?
Lorsque j’y suis entré, je ne connaissais absolument pas les productions JMH ! Ensuite, bien sûr, c’est stimulant. C’est un sentiment fort de voir tout ce qui a été accompli. C’est très motivant.
Vous travaillez aujourd’hui dans un domaine étranger à vos études. Le cinéma, c’est un hasard ou un vieux rêve ?
Un hasard. Une copine quittait cette place. De mon côté, je cherchais du travail. On s’est rencontrés avec les gens de JMH, tout s’est passé de façon très spontanée. J’ai fait un essai de deux mois, puis… je suis restée !
Laisser un peu de place au hasard, c’est peut-être l’avantage d’un cursus « ouvert ». A l’UniNE, vous aviez opté pour une formation interfacultaire en sciences humaines et sociales, journalisme et communication, sociologie, sciences politiques. Comment s’était fait ce choix ?
Le journalisme était un rêve de petite fille. Je savais donc que je voulais faire du journalisme, ou plus globalement, de la communication, de la rédaction, car j’ai toujours aimé rédiger. J’ai donc choisi en premier lieu le journalisme, puis des branches complémentaires qui me plaisaient, que j’avais envie d’étudier, sans vraiment penser à ce qu’elles étaient susceptibles de m’apporter concrètement, même s’il était évident que sociologie et sciences politiques compléteraient bien le journalisme.
Pour la sociologie, je me suis décidée lors de la Journée des lycéens. Pour la 3ème branche, j’ai d’abord choisi la psychologie, mais ce n’était pas pour moi. Après une année, j’ai pris sciences po, et là j’étais totalement dans mon élément ! En marge de cette branche, j’ai suivi des cours de droit, d’histoire et d’économie, que je pouvais choisir librement, des cours qui m’ont passionnée. Du coup, j’étais tout le temps avec des gens différents, issus de facultés différentes.
Quels ont été les points forts de votre formation à l’UniNE ?
Avec le recul, l’université m’a surtout apporté la culture, une vraie culture générale. Comme une prolongation du lycée, mais avec beaucoup moins de barrières. Je n’en suis pas sortie en étant journaliste, historienne ou avocate. En fait, tout s’est construit après et je suis très contente d’avoir touché à beaucoup de choses, je n’aurais pas voulu être dans une voie trop précise. Cette diversité des cours, propre à ma formation, est tout de même assez typique des lettres. J’ai bénéficié d’une extraordinaire flexibilité. Un cours m’intéressait ? Je pouvais le suivre. Oui, j’ai vraiment l’impression d’avoir eu une formidable liberté de choix, de faire tout ce que je voulais comme, je le voulais !
Pourquoi l’Université de Neuchâtel ?
Pour moi, c’était une évidence d’aller à Neuchâtel. Il y avait là les branches que je voulais suivre, j’habitais dans le coin, je n’ai jamais pensé que je devais aller à Lausanne pour faire du journalisme ou à Genève pour faire sciences po.
Aujourd’hui, que retenez-vous de vos études universitaires ?
L’université m’a apporté beaucoup par rapport à la rédaction. Et bien sûr aussi en matière de communication, je le constate au quotidien dans mon travail. Mais le plus important peut-être, c’est la culture générale. Ma formation m’a apporté des connaissances dans une multitude de domaines différents, ce qui m’est très utile aujourd’hui, parce que le cinéma, côté production, implique aussi le fait de devoir aborder des sujets très variés.
Quel conseil donneriez-vous à un futur étudiant ?
De choisir les branches qui l’intéressent vraiment, et de ne pas faire une sélection uniquement en fonction d’un point de vue pratique, utilitaire. Il risquerait de le regretter un jour… Et puis également de ne pas trop traîner, de ne pas être un étudiant éternel ! Ce qui vient après l’université, c’est bien aussi !
* Titre équivalent au Master actuel, utilisé avant l’introduction du processus de Bologne.
Interview UniNE 2013