Les textes historiques
Un chanoine écrit la première chronique de Neuchâtel
Vers 1500, le chanoine Jean Dubois, rédige une petite chronique de Neuchâtel - la première qui nous soit parvenue. Elle constitue un témoin historiographique majeur pour la région.
Introduction
Ce texte est la première chronique de Neuchâtel qui nous soit parvenue. Si l'on en croit l'auteur, le chanoine Jean Dubois, d'autres chroniques auraient existé auparavant, mais elles ont été détruites dans les divers incendies que la ville a connu.
Structure de la chronique
On peut diviser cette chronique en cinq sections :
- Introduction. Dubois parle de sa démarche et de ses intentions.
- Les origines de la collégiale.
- Les institutions spirituelles et temporelles.
- Les incendies de 1249, 1269, 1434, 1450 et 1478.
- Notices sur la famille comtale.
Les sources du chanoine Dubois
Le chanoine indique lui-même la plupart des sources qu'il utilise ; il parle notamment de veteribus codicibus ecclesiae, dont l'un a été identifié comme étant le Ms A 27 de la BPUN. Ce dernier contient toute une série de notices événementielles et familiales concernant Neuchâtel et ses comtes ; Dubois la copie souvent mot à mot.
La méthode du chanoine
On sent chez Dubois une certaine tension entre la tradition médiévale à laquelle il est encore pleinement redevable et les idées nouvelles de la Renaissance, rejetant cette tradition, désirant analyser les choses par lui-même, sur des sources vues et lues par lui. Ainsi, autant les notices sur la famille comtales sont-elles des copies serviles d'un autre codex, autant la réflexion de Dubois quant aux origines de la collégiale et à l'analyse
Recueil du chapitre collégial de Neuchâtel, "Chronique de Neuchâtel I, par le chanoine Jean Dubois"
Manuscrit :
- Archives de l'État de Neuchâtel, Recettes diverses 237, "Recueil du chapitre", folios 5r-7v.
Auteurs :
- Transcription : Arnaud Besson
- Traduction : Grégoire Oguey et Arnaud Besson
- Commentaire : Grégoire Oguey et Arnaud Besson
Date :
- Mars 2012.
Jean Dubois complète sa chronique
Le rédacteur est ici de nouveau le chanoine Jean Dubois. Ce texte contient une nouvelle introduction, et brosse à grands traits la généalogie des comtes de Neuchâtel. Il est difficile de savoir pouquoi Dubois a rédigé deux chroniques aux fortes similitudes, alors qu'il aurait pu fondre toutes ces informations en un seul texte.
Recueil du chapitre collégial de Neuchâtel, "Chronique de Neuchâtel II, par le chanoine Jean Dubois"
Manuscrit :
- Archives de l'État de Neuchâtel, Recettes diverses 237, "Recueil du chapitre", folios 8rv.
Auteurs :
- Transcription : Arnaud Besson
- Traduction : -
- Commentaire : -
Date :
- Mars 2012.
Une découverte au monastère de l'Île-Saint-Jean de Cerlier
Cette troisième partie de la chronique répond à la première, qui s'interrogeait sur l'identité de Berthe, la fondatrice de la collégiale. Cette réponse est le fait du successeur en charge de Jean Dubois, le chanoine Jean de Coeuve. Avec lui, la Renaissance arrive au chapitre collégial : il rejette la tradition, écrit dans un latin élégant et écrit en humanistique.
Jo. de Cueue hec.
Jean de Cœuve [a écrit] cela.
Analyse
L'inscription est répertoriée, d’après Coeuve, dans Wilfried Kettler, Die Inschriften der Kantone Aargau, Basel-Stadt, Basel-Land, Bern und Solothurn bis 1300, Fribourg, 1992 (= CIMAH II), n° 41. Il en existe des fragments au musée lapidaire de l’Île-Saint-Jean, qu’on trouve dans Moser, pp. 156-157 et dans CIMAH III, n° 21, mais sans que le rapprochement ne soit fait avec notre inscription.
Les notices CIMAH II 41 et CIMAH III 21 ne forment en réalité qu'une seule.
Suivi par Moser, Kettler (Op. cit., pp. 133-134) plaide pour Berthe II de Granges, épouse de Rodolphe Ier de Neuchâtel-Nidau, morte en 1226. Mais cette identification est problématique, puisque dans CIMAH III, n° 21, Kettler date les fragments (non identifiés comme tels) du XIIe siècle. Si cette datation est confirmée, il s’agirait alors plutôt de Berthe, comtesse de Neuchâtel et épouse d’Ulrich II, avec qui elle a fondé la collégiale de Neuchâtel, qui est décédée entre 1192 et 1196.
Corpus iuris civilis, t. I, éd. Th. Mommsen, 6e éd., Berlin, 1964 [1ère éd. 1872], p. 322a). Nous remercions Emmanuel Falzone (Bruxelles) pour son aide. Voir Michel Reulos, Comment transcrire et interpréter les références juridiques (droit romain, droit canonique et droit coutumier) contenues dans les ouvrages du XVIe siècle, Genève, 1985.
L'humanisme arrive à Neuchâtel avec ce texte, non seulement dans le contenu, très axé sur une expérience personnelle (utilisation importante de la première personne du singulier), avec un goût prononcé du passé, un rejet de la tradition établie, mais aussi dans la forme, avec l'utilisation de l'écriture humanistique, chassant la gothique encore utilisée par le chanoine Dubois, prédécesseur direct de Jean de Coeuve.
L'auteur
Jean de Cuève ou Jean de Coeuve (ou Cova, ou Cothena), chanoine de Neuchâtel, Porrentruy et Saint-Imier, curé de Saint-Blaise. Déjà actif en 1500, il meurt vers 1536 (voir René Humair, Le chapitre de la collégiale de Neuchâtel de 1453 à 1530, mémoire de licence de la faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel, 1972. Une étude plus approfondie permettrait de mieux cerner le personnage et, peut-être, de l’identifier avec Jean de Cuene du Landeron, abbé contesté de Cerlier au début du XVIe siècle. Coeuve (JU) est un petit village non loin de Porrentruy.
Bibliographie
- Helvetia Sacra III/1/1, pp. 658-671 (Cerlier) ; III/1/2, pp. 963-964 (Perroy) ; III/2, pp. 594-595 (Corcelles) ; HS IV/3, pp. 345-381 (Fontaine-André).
- Mojon Luc, « Die ehemalige Benediktinerabtei St. Johannsen bei Erlach », in : Archéologie suisse, 3, 1980, pp. 126-131.
- Moser Andres, Die Kunstdenkmäler des Kantons Bern Landband II : Der Amtsbezirk Erlach. Der Amtsbezirk Nidau 1. Teil, 1998, pp. 121-168.
- CIMAH II ; III.
Recueil du chapitre collégial de Neuchâtel, "Chronique de Neuchâtel III, par le chanoine Jean de Coeuve"
Manuscrit :
- Archives de l'État de Neuchâtel, Recettes diverses 237, "Recueil du chapitre", folio 4v.
Auteurs :
- Transcription : Grégoire Oguey
- Traduction : Grégoire Oguey
- Commentaire : Grégoire Oguey
Date :
- Février 2012.