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Rochefort - Le Château

Fouille-école sur les occupations pré- et protohistoriques de Rochefort-Le Château (NE)

Deux campagnes de fouille-école sur les vestiges pré- et protohistoriques du site de Rochefort-Le Château ont eu lieu durant les étés 2020 et 2021, fruit d’une collaboration de l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité avec l’Office du patrimoine et de l’archéologie neuchâteloise (OPAN). Du côté de l’Institut, les subsides de la société des Alumni (Fonds Jean-Pierre Jéquier) et du fonds Paul Humbert de l’Université de Neuchâtel sont venus compléter le budget prévu pour cette opération. L’OPAN a également participé financièrement à l’opération et a mis à disposition des infrastructures sur le terrain.

Un programme de fouille avait débuté sur les ruines du château de Rochefort à partir de 2018 sous la direction de Christian de Reynier, dans l’optique de restaurer le site  médiéval et le rendre visible au public (section patrimoine de l’OPAN). En parallèle, l’Institut avait organisé à partir de la même année trois campagnes de prospection dans le Val de Travers. C’est à cette occasion que des sondages ont été réalisés durant l’été 2019 en périphérie des vestiges médiévaux de Rochefort, où des indices d’occupations pré- et protohistoriques avaient été découverts. Finalement, après la mise en évidence d’artefacts du Bronze final et l’étude de la topographie du lieu, il a été décidé de réaliser des tranchées dans les deux levées de terre au sud du site, qui semblaient correspondre aux vestiges de fortifications protohistoriques.  C’est ainsi que deux campagnes de fouille-école de quatre semaines chacune ont été réalisées en été 2020 et 2021. Environ une dizaine d’étudiants ont été impliqués chaque année. La direction du chantier a été assumée par les assistant.e.s de la chaire de préhistoire de l’Institut et les résultats des ces deux campagnes ont fait l’objet d’un mémoire de master.

Des occupations du Néolithique, du Bronze moyen, du Bronze final et du Hallstatt D3 ont été identifiées. La levée de terre la plus au sud correspond à une fortification de terre et de pierres avec un poutrage en bois, édifiée au Bronze final et reprise au Ha D3. D’autres occupations ont été repérées sur des terrasses au nord-ouest du site. Mais dans l’ensemble, les vestiges sont érodés, le substrat calcaire affleure en de nombreux endroits et les constructions du Moyen âge ont contribué à remanier bien des secteurs. De ce fait, la fortification la plus au sud est le seul secteur qui a été épargné par ces facteurs et qui a permis de révéler des artefacts en place. Quant à la seconde levée de terre située plus au nord, qui devait déjà être en place durant la protohistoire, elle a été remaniée par l’édification d’un mur au Moyen âge.

Le promontoire de Rochefort couvre une surface de 0,4 hectares. Au Bronze final et au Premier âge du Fer, un site fortifié s’y est développé, regroupant une communauté d’une taille relativement modeste. C’est sans doute pour contrôler une voie de passage que le lieu a été occupé, car Rochefort se trouve à un point stratégique pour accéder au Val de Travers. A l’autre extrémité de ce val, la richesse des tumulus du Premier âge du Fer à proximité de Pontarlier confirme l’importance de cette voie de communication. Elle devait permettre de rejoindre des axes plus importants, en direction de la Bourgogne, mais il n’est pas impossible qu’elle soit aussi liée à la circulation du sel, sachant que les sources salées du Jura ont été exploitée dès le Néolithique. Les prospections dans le Val de Travers n’ont malheureusement pas révélé de vestiges protohistoriques venant confirmer l’importance de cet axe à cette époque. Mais il faut souligner que les vestiges attestant d’une voie de passage peuvent être très discrets et qu’il serait nécessaire de poursuivre les prospections dans cette perspective pour se donner une chance de les identifier.

Situation géographique de Rochefort/Le Château avec les principaux axes de circulation envisageables (DAO : Benoît Lannaz).

Localisation des principaux vestiges de Rochefort/Le Château avec, en rouge, les sondages et tranchées réalisés par l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité (Dao : Benoît Lannaz et Christian de Reynier).

Tranchée en cours de fouille dans la levée de terre située au nord.

Fortification visible dans la tranchée de la levée de terre située au sud. On distingue les niveaux de pierre alternant avec des sédiments résultants probablement de la décomposition de poutrages horizontaux.