Ecrire l’Histoire autrement
© Hélène Becquelin
« L’Histoire, c’est un peu comme la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin qu’on nous fait rentrer dans le crâne au CP. Ce sont les premières dates que nous apprenons, c’est une matière qui nous construit en tant que citoyen. Et si nous sommes structuré.e.s avec cette histoire dont les femmes sont absentes, où aucune grande autrice n’est sélectionnée au bac, où aucune grande scientifique n’est étudiée… Il est compréhensible de finir par considérer qu’il n’y a eu, n’y a et n’y aura jamais que des hommes dans l’Histoire. », citation de Marguerite Nebelsztein dans l'interview de Julie Kemtchuaing, Ni Vues Ni Connues, quand l’Histoire oublie ses femmes.
De nombreuses féministes appellent à une « réécriture » de l’Histoire, en y intégrant le vécu, les accomplissements et la pensée des femmes.
Pour Micheline Dumont, historienne canadienne, « il faut en finir avec la construction de l’invisibilité historique. ». Selon elle, le féminisme doit être porté comme une forme de changement collectif afin de contrer cette invisibilité (extrait de Nadeau, Jean-François, L’histoire invisible des femmes, 04.03.2017).
Ecrire l’Histoire ne doit cependant pas uniquement retracer le destin exceptionnel des figures marquantes : « Révéler uniquement des figures « marquantes » ne permet pas de faire la lumière sur les rapports sociaux de pouvoir qui ont confiné les femmes dans la sphère du privé, en dehors des structures politiques et publiques, ni de mettre en avant la capacité d’agir de celles qui ont eu des vies plus « ordinaires ». […] Le fait de s’attarder de façon restreinte à leurs accomplissements individuels ne permet toutefois pas une réflexion nécessaire et fondamentale sur l’oppression patriarcale et les contraintes sociales vécues dans la longue durée. Le sexisme systémique est en effet encore réellement présent, même inconsciemment, dans la façon d’écrire l’histoire en général, pas seulement celle des femmes. » (Clapperton-Richard, Adèle et Brunet, Marie-Hélène. Dépasser le simple «saupoudrage» des femmes dans l’histoire, 11.03.2017).
Références
Collectif Georgette Sand, Ni vues ni connues.Panthéon, Histoire, mémoire : où sont les femmes ?, 2017
Eliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir Tomes 1-3, 2016
Eliane Viennot, Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française, 2017
Clapperton-Richard, Adèle et Brunet, Marie-Hélène. Dépasser le simple «saupoudrage» des femmes dans l’histoire, www.ledevoir.com, 11.03.2017
Lien https://www.ledevoir.com/opinion/idees/493704/de-l-invisibilisation-des-femmes-dans-l-histoire-pour-en-finir-avec-l-exceptionnalisme
Gygax, Pascal, Les musiciens sont-ils des femmes ?, www.unil.ch/egalite, décembre 2005
Lien: https://www.unil.ch/egalite/files/live/sites/egalite/files/shared/Promouvoir_Egalite/Langage_Epicene/gygaxuniversitas.pdf
Kemtchuaing, Julie. Interview de Marguerite Nebelsztein, Ni Vues Ni Connues, quand l’Histoire oublie ses femmes, www.cafebabel.com, 21.11.2017
Lien: https://cafebabel.com/fr/article/ni-vues-ni-connues-quand-lhistoire-oublie-ses-femmes-5ae00bf8f723b35a145e81df/
Nadeau, Jean-François. L’histoire invisible des femmes, www.ledevoir.com, 04.03.2017
Lien: https://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/493173/les-grandes-oubliees-l-histoire-invisible-des-femmes
Sekkai, Kahina. La véritable histoire des « Figures de l’ombre », www.parismatch.com, 07.03.2017
Lien: https://www.parismatch.com/Actu/International/La-veritable-histoire-des-Figures-de-l-ombre-1204007