La vie après l'UniNE
« Mon moteur? Faire ce qui me plaît et me former en continu »
Fabien Fivaz, député vert au Grand conseil neuchâtelois et collaborateur scientifique au Centre suisse de cartographie de la faune (CSCF), à Neuchâtel
Député vert au Grand Conseil neuchâtelois, Fabien Fivaz travaille depuis dix ans au Centre suisse de cartographie de la faune (CSCF). C’est à l’Université de Neuchâtel que ce biologiste de formation a passé son diplôme postgrade en statistiques en 2008.
Quel est votre travail au quotidien?
Je suis collaborateur scientifique au Centre suisse de cartographie de la faune (CSCF), une fondation active dans la conservation de la biodiversité en Suisse qui est notamment chargée d’établir les listes rouges des espèces menacées, régulièrement remises à jour au niveau national. Un travail important quand on sait que plus d’un tiers des espèces animales, végétales et fongiques sont menacées d’extinction en Suisse. Un des projets auquel j’ai participé est, par exemple, l’élaboration de La liste rouge des Papillons diurnes et Zygènes, éditée en 2014 par la Confédération.
Concrètement, mon travail consiste à fournir au Centre un soutien informatique dans le domaine de l’analyse des données au sens large, à savoir: les analyses statistiques, les outils cartographiques, la gestion de bases de données relationnelles et le développement de sites et d’applications pour Internet. J’ai en fait une fonction transversale, puisque je couvre plusieurs services, et passe aujourd’hui 100% de mes journées professionnelles devant un ordinateur.
On est loin du travail de terrain du biologiste…
Oui, c’est vrai. Reste que la systématique, l’écologie évolutive, la distribution des espèces, les statistiques, bref, tout ce que j’ai appris lors de mes études est indispensable pour faire ce travail.
Pourquoi avoir choisi la biologie ?
J’ai toujours été attiré par les sciences. C’est donc assez naturellement que je me suis tourné vers la biologie. Après deux années de tronc commun obligatoire, j’ai choisi l’orientation écologie et systématique, qui était à l’époque un des points forts de l’Université de Neuchâtel. Nous faisions énormément de terrain. Les étudiants venaient d’ailleurs de toute la Suisse pour y étudier. En quatrième année, j’ai découvert l’écologie évolutive. Ça m’a tout de suite plu. Comme j’avais envie de me spécialiser dans cette branche, j’ai décidé de terminer mes études à l’Université de Lausanne qui dispose d’un Département d’écologie et évolution (DEE). J’y ai effectué mon travail de diplôme sur la colonisation du Valais par la musaraigne carrelet (génétique des populations).
Votre diplôme en poche en 2002, vous avez décidé de vous spécialiser dans les statistiques trois ans plus tard. Pour quelle raison?
A l’époque où j’étudiais la biologie, les cours de statistiques étaient basiques. Ça m’a posé des problèmes par la suite, lorsque j’ai dû par exemple analyser les données que j’avais récoltées dans le cadre de mon travail de diplôme. Ou encore lorsque j’ai dû digitaliser juste après un paquet de données sur les grands prédateurs en Suisse dans le cadre d’un mandat de civiliste pour le CSCF. J’étais largué. J’ai donc décidé en 2005 de reprendre mes études en cours d’emploi en faisant le postgrade en statistiques proposé par l’UniNE. Mon temps partiel au CSCF a permis de m’organiser. Je me suis retrouvé à étudier avec des personnes issues aussi bien de l’économie que de la biologie. C’était très diversifié, que ce soit au niveau de la matière ou des intervenants. Tout ce que j’ai appris durant ces deux ans, je l’applique quotidiennement dans mon travail. Ça a été une bonne formation!
Vous êtes député vert au Grand Conseil. Vos études ont-elles eu une influence dans le choix de la couleur de votre parti?
J’ai décidé de me lancer dans la politique en décembre 2003, au lendemain de l’élection de Christoph Blocher au Conseil fédéral. J’en avais marre de gueuler au bistrot et de ne rien faire. Les Verts, c’était pour moi une évidence. Peut-être effectivement parce que lors de mes études, les questions liées aux atteintes à l’environnement et aux espèces menacées étaient récurrentes.
Quels souvenirs gardez-vous de l’UniNE?
J’en garde un très bon souvenir. Au niveau de la formation, la biologie étant un des points forts de l’UniNE, c’était très dynamique! Que ce soit lors de ma licence ou du postgrade, j’y ai acquis de solides connaissances que j’utilise chaque jour. J’y ai en outre rencontré des personnes qui sont devenues des amies. Aujourd’hui, j’y retourne, mais en tant qu’invité pour enseigner dans le cadre de séminaires. Je suis également des étudiant-e-s en écologie pour différents travaux.
Quel conseil donneriez-vous à un-e étudiant -e ou futur-e étudiant-e?
Faites ce qui vous plaît, osez changer quand ça ne vous intéresse plus et formez-vous tout le temps. C’est un de mes moteurs. Je viens d’ailleurs de terminer une formation en ligne de développeur informatique.
Interview UniNE 2017