Les abeilles pour lutter contre la pauvreté ?
Responsables du projet :
Marion Fresia, institut d'ethnologie
Alex Aebi, institut d'ethnologie
en collaboration avec le
CEAS (Centre écologique Albert Schweizer)
- De quoi s'agit-il ?
Depuis 2015, l'Institut d'ethnologie apporte un accompagnement scientifique au Centre écologique Albert Schweizer qui intervient en soutien aux activités apicoles au Burkina Faso.
L'objectif de cet accompagnement vise à :
- nourrir la réflexivité de l'ONG sur les effets de ses interventions longtemps tournées vers la promotion d'une apiculture dite "moderne" ;
- contribuer à une meilleure connaissance des acteurs de la filière, des modes de production et de consommation du miel ainsi que de la biologie de l'abeille "africaine" ;
- développer une réflexion plus large sur les enjeux multiples soulevés par la professionnalisation progressive d'une filière apicole au Burkina-Faso et l'exportation de ses produits vers l'Europe.
- A quel(s) problème(s) social ou environnemental ce projet tente-t-il de contribuer ?
Cet accompagnement scientifique vise à contribuer à la construction d'une filière apicole inclusive, respectueuse de l'homme, de l'abeille et de l'environnement, et ancrée dans des innovations techniques accessibles et adaptées aux contextes socio-économiques locaux.
Il tente d'apporter une réflexion sur les conséquences socio-environnementales induites par le développement d'une apiculture dite "moderne" dans les pays du Sud, souvent appréhendée de manière naïve comme instrument de lutte contre la pauvreté.
Ainsi, au-delà d'une vision idéalisée de l'abeille comme "solution miracle", le projet documente les réalités que recouvre la modernisation de l'apiculture aujourd'hui : transformation du miel en un bien de consommation de "luxe"; domestication accrue de l'abeille avec risques accrus de vulnérabilité aux parasites ; dévalorisation des savoir-faire locaux ; ou encore risque d'exclusion des petits producteurs des filières de transformation et de commercialisation du miel.
- Design concret du projet : acteurs impliqués et formes de restitution
L'accompagnement scientifique s'est traduit par la réalisation de deux mémoires de Master en biologie et ethnologie ; l'élaboration d'un ensemble de recommandations ; et l'animation scientifique de deux ateliers, l'un à Ouagadougou, et l'autre à Neuchâtel réunissant pour la première fois les principaux acteurs institutionnels du champ apicole burkinabé.
Ces travaux ont amené l'ONG à redéfinir sa politique d'intervention au Burkina-Faso, désormais focalisée sur les acteurs les plus fragiles de la filière apicole, et sur la valorisation d'innovations à bas coûts. La promotion de plateformes locales et nationales d'échanges de techniques, de savoirs et de réflexions sur les enjeux de la filière apicole a également pris un rôle central dans la démarche de l'ONG.
Ce partenariat est un bel exemple de collaboration basé sur un rapport de proximité avec une ONG locale, un montage souple, et ayant eu un impact significatif. Il a également permis d'inclure ce projet comme cas d'étude pratique, dans le séminaire de socio-anthropologie de l'aide internationale de M. Fresia.